Category: Livres,Romans et littérature,Livres de référence
Saint-Exupéry : Oeuvres complètes, tome 1 Details
Le premier tome de la présente édition couvre les années 1900 à 1939. Les divergences entre certains manuscrits, les nombreuses lettres approximativement datées, les différences de nature entre les textes ont fait adopter un regroupement par genres. Le volume s'ouvre sur des poésies et quelques récits de jeunesse. Le groupe suivant comporte les romans connus, Courrier Sud, Vol de nuit et Terre des hommes. Viennent ensuite les écrits de circonstance : reportages, articles de journaux et préfaces. Une dernière partie enfin est composée d'écrits personnels.Le deuxième tome propose l'intégralité des écrits de guerre de Saint-Exupéry, composés en France (1939-1940), aux États-Unis (1941-1943), en Afrique du Nord (1943-1944). Cette « littérature engagée » se double d'un engagement physique qui en est comme la cauion. Tout en prenant sa part des périls de l'époque, Saint-Exupéry parle des hommes de tous les temps. Le héros du Petit Prince est un enfant dont la sagesse ne vieillit pas la voix. Quant au testament posthume, Citadelle, il va rester inachevé : « Je suis lourd d'une musique qui ne sera pas entendue », disait Saint-Exupéry. Pas de son vivant, en effet. Mais, depuis sa disparition, elle ne cesse de retentir.
Reviews
Saint-Exupéry fut un écrivain engagé pendant la guerre où il fit preuve d'un grand courage, en qualité de pilote de guerre, et de patriotisme dans ses messages écrits pour inciter les français victimes de l'occupation allemande à garder l'espoir et à s'unir contre l'ennemi. Mais sa foi dans l'avenir de la France fut ébranlée par la débâcle de juin 1940."Nous nous trouvions quarante millions d'agriculteurs face à quatre-vingt millions d'industriels. Nous opposions à l'ennemi un homme contre trois, un avion contre dix ou vingt et, depuis Dunkerque, un tank contre cent. Aucun sacrifice, jamais, nulle part, n'est susceptible de ralentir l'avance allemande." Il fut, dès lors, convaincu que le salut de la France ne pouvait venir que des Etats Unis. L'alliance franco-anglaise ne pouvait, selon lui, venir à bout de la puissante armée allemande. Saint Exupéry a quelque peu sous-estimé à la fois la détermination et le génie politique et militaire des deux leader de l'alliance : Churchill et de Gaulle. Aussi, sa préoccupation fut-elle de tirer parti de sa renommée d'écrivain pour convaincre les Etats Unis de s'engager dans la guerre. Il refusa de rejoindre Londres et les forces françaises libres du général de Gaulle par crainte que le général, soupçonné par Roosevelt d'être un dictateur, établisse à la libération du pays une nouvelle forme de régime fasciste. A cet égard, on peut s??interroger sur l'origine de cette crainte. ?tait-ce la personnalité du général ou l'origine populaire et majoritairement à gauche des forces qui le soutenaient ? Saint-Exupéry était un aristocrate qui a pu craindre, comme nombre de bourgeois de l'époque, la victoire de forces françaises libres venues de la gauche communiste et socialiste ralliées provisoirement au leadership du général. En tout cas, il est clair que saint Exupéry n'a misé que sur l'intervention américaine pour sauver la France sans voir que, d'une part, les Etats-unis n'avaient nulle envie de se lancer dans la guerre et, d'autre part, que s'ils devaient s'y lancer et s'imposer aux forces de l'axe, la France ne pourrait conserver que la part d'autonomie que sa participation à la guerre lui aurait valu. Dès lors, le succès de l'entreprise du général de Gaulle était vital pour la France puisqu'en dépendaient la liberté et l'identité de la nation française. De fait, sans l'opposition et la réaction énergiques du général relayées par la résistance intérieure, la France aurait été administrée, à la Libération par les Etats Unis dans le cadre du plan AMGOT d'administration des territoires occupés. Bref ! elle serait devenue, sous couvert de sa libération de l'occupation nazie, une colonie américaine! Quant à l'action du général Giraud, entièrement déterminée et orientée par les américains pour faire contrepoids et diminuer l'influence du général de Gaulle au sein des FFL, elle s'inscrivait moins dans l'intérêt de la France que dans celui des Etats Unis. La vision politique de Saint Exupéry, qui préconisait que la France résistante s'en remette aux américains pour décider de son destin après sa Libération , découlait de sa perte de confiance dans un avenir indépendant de notre pays. Le général de Gaulle, au contraire, animé par une véritable mystique de la France, n'a jamais douté ni de la nécessité, ni de la possibilité, de rétablir son indépendance avec l'aide de nos alliés, certes, mais d'abord, grâce à l'action d'une force française libre constituée par lui mobilisant les français venus de France et les ressortissants de notre Empire. Cette force nationale avait, bien sûr, vocation à apporter son soutien à la résistance intérieure répartie dans les maquis du pays. Au demeurant, le chef de cette résistance intérieure, nommé par le général en raison de l'héroïsme dont il fit preuve dès le début de l'invasion allemande, l'ex-préfet socialiste Jean Moulin, ne pouvait être soupçonné de vouloir participer à l??avènement d'une France fasciste à la libération du pays.On peut donc être un grand écrivain, avoir produit des ?uvres remarquables comme "Vol de Nuit", "Pilote de guerre", " Le Petit prince" et "Citadelle" et, cependant, ne pas être un grand politique ainsi que le philosophe Jacques Maritain le fit remarquer à Saint Exupéry dans sa réponse à la lettre que celui-ci avait adressée aux Français du 29 novembre 1942.